JE SUIS MAGNOTTA

-Thématique, fond & propos -

 

  

 L’histoire de Magnotta montre la réalité d’un monde abject, sans morale et sans but autre que matérialiste, un monde qui créé inexorablement des malades mentaux en délire de reconnaissance, malades mentaux qui deviennent parfois des monstres, des monstres dans la lignée de la personne de Patrick Bateman, le personnage du roman de Bret Easton Ellis « American Psycho ».  Un monde qui est le notre à la fois terrifiant mais aussi rendu acceptable par l'esprit du progressisme publicitaire. Sauf que si les deux personnages sont très similaires en bien des points, Patrick Bateman et Magnotta ont sirtout tous les deux un profond désir d’être reconnus pour le look, ont la croyance similaire que toute personne est manipulable et se doit de l’être, chacun d’eux ressent le désir d’être vu au final comme un être capable de passer les barrières du mal absolu, et surtout l’un comme l’autre aspirent à être démasqué pour obtenir une reconnaissance officielle. Sauf que si l’état du monde décrit dans American Psycho est bien réel, au final Patrick Bateman est un peronnage de fiction.

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​Magnotta raconte le même monde que Patrick Bateman, mais lui, Magnotta, le personnage, a été bien réel dans la vraie vie.

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​American Psycho a été écrit en 1991, soit il y a plus de 25 ans. Le roman de Bret Easton Ellis décrivait un monde annonciateur du personnage Magnotta avec 25 années d’avance, le délire consumériste des 25 dernières années et le développement de l'Internet ont fait le reste pour que se matérialise le monstre Magnotta.

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​Le monde de Magnotta est un monde où toutes les failles et faillites du système se multiplient jusqu'à l'absurde, comme si tout se construisait pour que naisse le monstre. Le constat est que la civilisation, et l’homme dans la civilisation, ne peuvent rien contre le cancer de la folie qu’ils engendrent en fusionnant. Plus d’écrans partout, plus de matraquage publicitaire, plus d’émissions où il faut être le plus beau, le plus vu et meilleur que les autres, toujours plus de messages subliminaux qui imposent une perfection illusoire, toujours plus de produits droguant pour tenir le rythme de la compétition, toujours plus de mépris pour ceux qui échouent. C’est notre monde tel qu’il est que nous montre l’histoire de Magnotta et le fait-divers auquel est collé son nom.

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​Comment expliquer qu’un homme aussi délirant ait pu passer entre les mains de tant de psychiatres sans qu’aucun n’ait tiré la sonnette d’alarme alors même que Magnotta ne cachait rien de ses penchants à la fois suicidaires, délirants et psychopathiques voire meurtriers ?    

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Comment expliquer que les services de police n’aient rien pressenti alors que Magnotta tant de fois a été confronté à la police et à la justice, s’est même rendu dans des commissariats pour porter plainte contre des menaces mythomaniaques dont il se disait victime alors que lui-même était dans des états délirants au même moment ? Alors même que de nombreuses associations ont alerté au danger quand il mettait en ligne des vidéos où il tuait des chatons ?​

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Bien qu’Internet soit une plateforme de surveillance de plus en plus efficace au service des états pour "surveiller" les populations et leurs idéologies, comment expliquer que Magnotta se soit totalement construit sur Internet avec des textes hautement explicites sans que jamais aucune alerte ne l’ait détecté quant à sa folie et à la direction qu’elle prenait  pour en arriver à commettre un meurtre aussi sordide, tout en en faisant l’annonce par avance?

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 L’histoire de Magnotta montre toutes les failles du système au travers desquelles il passe, qu’elles soient d’ordre Psychiatrique, Judiciaire ou Policière. Aussi avec Luka on est proche du personnage d’Alex du film de Kubrick « Orange Mécanique ».  

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​Les médias ne sont pas en reste dans la construction d'esprits malades. Quand l’esprit malade leur échappe et devient un monstre, alors les médias les transforment en StoryTelling. C’est aussi l’histoire que raconte le scénario JE SUIS MAGNOTTA. L’emballement médiatique crée "la série à suivre" avec le monstre en personnage principal. 

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​Les médias façonnent l’inconscient collectif en choisissant les sujets qui doivent être traités prioritairement et de quelle façon ils seront traités. Par ailleurs ce sont les médias qui décident, aussi, eux-mêmes, des sujets qui doivent être mis de côté, « dans l'ombre ».  Si la mort sous toutes ses formes est omniprésente dans le Masse Média,  c’est bien  parce le drame attire l’attention fortement, le traitement de la mort sous toutes ses formes peut prendre parfois une importance scénarisée selon que le, ou les morts, ou le meurtrier sont connus, ou que l’acte de tuer est soutenu par une idéologie «exploitable» qui permet de créer du «spectacle thématique ». La mort accidentelle ou le meurtre sans idéologie, d’un inconnu sur un inconnu, n’est qu’un fait divers dont les annonces sont traitées au mieux comme des  brèves. Quand le geste de tuer est effectué sans revendication idéologique, d’un inconnu sur un inconnu, le geste d’un fou comme on dit, alors ce geste peut parfois offrir à son auteur une ligne dans un média, une ligne tout au plus, mais le drame ne bousculera pas réellement la masse que représente le « flux Média ». 

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Magnotta, lui, ne revendique aucune idéologie particulière pour justifier son acte, il veut juste que l’on parle de lui, à en devenir fou. Magnotta n’appartient donc à aucun groupe identifiable, il  est juste « un déviant » à la base. On ne peut le mettre dans aucune case Média réellement profitable (au sens du profit) : ni politique ou géopolitique, ni religieuse, ni économique, ni scientifique, ni écologique, ni économique. Sur le plan humain Magnotta n’est qu’une personne profondément isolée, il est recroquevillée sur lui-même, il ne représente rien, ni pour personne ni pour la société. Magnotta n’est qu’un psychiatrique en crise. ​Magnotta inconnu qui commet un acte criminel gratuit sur un autre inconnu ne peut donc pas être instrumentalisé pour ou contre aucune cause. A une époque où les médias nous montrent la mort 24h sur 24h l’acte de Magnotta relève à la base du pur fait divers "anecdotique".

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Ce qui pour les médias a rendu «intéressant» le crime « anecdotique » de Luka Magnotta, c'est que Luka Magnotta a tourné des images particulièrement macabres liées au meurtre qu’il a commis dans son appartement (nécrophilie, cannibalisme, démembrement), et qu’il a monté les images avec une musique ajoutée en une vidéo de 10 minutes, vidéo qu'il a mise sur Internet,  la musique étant celle d’un groupe mythique très connu des années 80 : New Order (anciennement Joy Division).

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Internet a joué un rôle déflagrateur dans la révélation de ce fait divers par la seule action de Magnotta lui-même. C’est lui et lui seul qui a allumé la mèche, avec une simple vidéo de 10 mn, et les médias de la planète entière ont tourné autour du personnage Magnotta comme une toupie folle incontrôlable.  

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​Au-delà de l’horreur du crime lui-même, ce qui rend le crime de Luka Rocco Magnotta si particulier, c’est que ce crime a été commis non pas par envie de tuer mais parce qu’il était devenu dans le subconscient d’Eric Newman une étape nécessaire au fil scénaristique qu’il impose à sa propre vie. Il n’a aucune animosité pour sa victime, que ce soit pour ce qu’elle est ou pour ce qu’elle représente. Dans sa réalité schizophrénique Luka Rocco Magnotta/Eric Newman  se voit comme le personnage star d’un Thriller Hollywoodien (Magnotta est réellement fasciné par Sharon Stone dans le film Basic Instinct et par le personnage de Hannibal Lecter du film Le Silence Des Agneaux).      

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​Quand Magnotta déroule le film de sa vie avec suspense sur le Web, dans le monde réel un meurtre "flamboyant" finit par ne plus être une limite mais une nécessité au genre cinématographique dans lequel  évolue Magnotta : «Dans un Thriller il y a toujours un meurtre» (dixit Magnotta). 

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Le meurtre révélé provoque un emballement médiatique sur le personnage Magnotta, emballement mondial au-delà de tout contrôle. Le buzz absolu, comme on dit dans le milieu des réseaux sociaux. 

 

Le scénario écrit, le décor planté, le film tourné, signé Magnotta, les médias de la planète ont été mis chaos et sont devenus à leur insu, une simple caisse de résonance. Durant un mois, le temps de la chasse à l’homme, Magnotta était devenu ... une star mondiale.  

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L’enchaînement.

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​L’histoire de Magnotta n’est pas qu’un fait divers, c'est un fait de société majeur (qui se déroule physiquement, notamment au Canada, aux USA et en Europe).

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​Magnotta est inconnu des services de police au moment du meurtre, cependant Magnotta avait déjà laissé durant dix années, sur le net, une grande masse d'infos sur sa vie quand il était totalement inconnu, sous divers noms, sur des dizaines de blogs différents, des infos totalement « fictionisées ». Une vie inventée et sublimée par lui.

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​Le nom de Luka Rocco Magnotta ainsi révélé par la presse au moment de la découverte du meurtre, le 1er reflex ‘du public’ fût de rechercher des infos sur la personne de Luka Rocco Magnotta via les moteurs de recherche, Google par exemple fut saturé, le mot Magnotta fut le terme le plus généré en demande par le moteur de recherche dans le monde durant un mois. 

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​Le Web incontrôlable révèle un Magnotta de fiction, un Magnotta intime et sublimé par lui-même. Le public est à la fois effrayé et fasciné par le personnage, par sa façon de s'habiller, par son physique d’ange, par son univers visuel déjanté, par ses photos sidérantes, par sa "folie" humaine, par son parcours désaxé, par sa "philosophie" déviante, par ses textes personnels hallucinants écrits à la 1ère personne, par ses expériences fantasmagoriques, par sa situation psychiatrique révélée. 

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​Par un glissement temporel dystopique c’est à ce moment que Magnotta se donne en spectacle devant des millions de spectateurs à travers la planète, ce dont il a toujours rêvé, un public fasciné par Luka Rocco Magnotta, lui,  tandis que dans la réalité il est physiquement en fuite en avion sur autre continent au moment de la découverte du meurtre par les autorités Politiques et Policières du Pays, littéralement en vadrouille en France avec juste 5000 dollars en pochen ne parlant pas le Français. En vadrouille, un peu comme Hannibal Lecter part en vadrouille à la fin du Silence Des Agneaux. Tout cela est vrai.

 

Ce ne sont pas les médias qui ont fait Magnotta, c'est Magnotta seul qui a électrifié le Masse Média, qui l’a soumis à sa volonté, puis qui l’oblige à courir après lui, sans autre forme d'explication que la fascination ravageuse pure et simple qu'il exerce sur le public, via le Net :

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" ALERTE  ! Magnotta en fuite en Europe, avez-vous vu cet homme ? "

 

Ici « le personnage» Magnotta est né, et s’impose dans les vitrines médiatiques de la planète brutalement, sans concession, sans négociation. C’est ce dont parle aussi cette histoire, elle montre une explosion médiatique au véritable sens du terme : une explosion incontrôlée, qui fascine et en même temps impose une arrestation rapide.  

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L'homme est pris en chasse en temps réel par Interpol dans toute Europe durant sa vadrouille...  

 

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Pour peu que l’on soit un minimum visionnaire, il est une évidence que le monstre Internet Magnotta s’implante pour longtemps dans l’inconscient collectif, tel un monstre occidental à la mesure d’un Frankenstein ou d’un Jack l’Eventreur. Dans les années qui viennent, en littérature puis au cinéma des personnages effrayants s’inspireront de Magnotta pour des films et dans des livres.

Magnotta, ce seul mot à lui seul devient un « pitch » (voir Google). 

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 En tapant Luka Rocco Magnotta sur les moteurs de recherche, de liens en liens,  on pénètre encore aujourd’hui un monde fascinant, celui de Magnotta, un monde effrayant aussi, certes, mais surtout  ...ineffaçable.

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Arrêté à Berlin en 2012, condamné en 2014 au Canada, Luka Magnotta purge une peine de 25 années de prison dans un établissement « Psy » au Canada. Il s’est marié avec un jeune homme de son âge. Il dit avoir tout oublié de son parcours. Dit avoir des amis, dit être heureux. Dit qu’il se sent bien, dit qu’il ne sent plus méprisé par « les autres ».

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C'est tout cela que raconte le scénario JE SUIS MAGNOTTA.

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