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Paris le 16 janvier 2025 - 22H20

A l’époque où j’allais en Fac, il y a avait un changement à Châtelet les Halles, il me fallait prendre direction la banlieue pour La Varenne Chènevière, le changement se faisait vers 9H. Aux Halles il y avait un cinéma « souterrain », au niveau du métro, à chaque fois c’était plus fort que moi, je ne me rendais pas à la fac. Comme aimanté, je quittais la station pour rejoindre ce cinéma, j’y pénétrais directement. J’étais fasciné par les affiches. C’était un 5 salles. J’allais voir des films au hasard, j’y passais la journée puis je rentrais chez moi vers 22 heures parfois, retrouver mon petit appartement. Il y avait juste une caissière nonchalante mais accueillante, qui roupillait à l’entrée dans son habitacle en verre. Ce cinéma était généralement désert, je changeais de salle à la fin de chaque film, sans payer, personne pour surveiller. On pouvait même rester dans la même salle revoir le film deux fois de suite. C’était le désert.

En 1987, quand j’ai eu 21 ans, le rituel était toujours le même depuis plus de deux années. Ce jour à 9H00, comme à mon habitude, au lieu de me rendre en cours, une fois de plus j’ai quitté la station de métro arrivé à la station les Halles, me suis retrouvé devant les affiches, c’était un mercredi, nouvelles affiches. J’aimais ce rituel du mercredi, celui de l’apparition des nouvelles affiches, la nouvelle cuvée. J’ai choisi au hasard cette affiche avec cette fille qui se planque derrière une toile de velours pourpre. Allons voir celui-là en premier. Je suis resté la journée entière dans la salle à voir et revoir le film, comme hypnotisé. Un choc.

Fond forme, on peut faire ça avec une caméra ?!

En sortant de la salle, j’avais pris ma décision. Alien à 13 ans, Brazil à 19 ans, cela me trottait en tête depuis ces âges, sans vraiment en arriver à la conclusion qui s'imposait. C’est le métier que je veux faire et je veux faire ça !

C’était Blue Velvet.

Ce soir 16 janvier 2025, je suis tranquille chez moi, avec mes enfants, j’allume la radio, FIP, j’entends la musique de Twin Peaks. Je monte le son. Une composition de Badalamenti. J’écoute avec bonheur. Un sentiment de bien être m'envahit, une sérénité soudaine, une immense confiance en moi me traverse l'échine. Ma fille me dit, oh c’est la musique de Twin Peaks. Exact, je dis.
Quand la musique arrive à son terme, une voix douce de femme, typique de FIP, annonce :

« David Lynch est mort. »

J'ai été discrètement m'enfermer dans les toilettes, j'ai pleuré.

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